Une visite de terrain pour comprendre les problématiques et les questionnements de l’agriculture bio. C’est ce qu’a proposé la Confédération paysanne aux deux nouveaux députés LREM de Haute-Saône.
Adhérent de la Confédération paysanne, le couple Lemercier a ouvert les portes de son exploitation, jeudi dernier, aux deux nouveaux députés LREM, Barbara Bessot-Ballot et Christophe Lejeune. Ils ont pu découvrir l’Earl de la Motte à Aboncourt-Gésincourt qui vit de sa production laitière bio (une quarantaine de vaches), vendue pour moitié à la coopérative agricole Pâturages comtois et transformée sur place pour l’autre moitié.
Arnaud Lemercier avait repris cette exploitation, seul, en 2003. Il l’a convertie en bio deux ans plus tard. Il a été rejoint par celle qui est devenue son épouse Annie. Ne retrouvant pas de travail dans sa branche, elle a créé sa propre activité en ouvrant une « fromagerie de poche ». Depuis 2009, elle y fabrique de la cancoillotte bio mais aussi de la crème, du beurre et des yaourts. Cette petite gamme de produits s’écoule en vente directe à la ferme ou sur le marché de Jussey. Le reste est vendu dans des magasins bio ou des épiceries locales.
« Ma philosophie est de faire le lien entre l’agriculture et l’assiette », témoigne Arnaud Lemercier. « Certains agriculteurs ne mangeraient pas ce qu’ils produisent. Ils regardent juste leur portefeuille », ajoute-t-il. « Nous, on n’a jamais été embêtés pour vendre nos produits. On essaie de les mettre à un prix raisonnable, même si c’est du bio. On ne veut pas faire de business. » Malgré une forte demande, il a maintenu ses prix pour le beurre. « Alors même que le consommateur serait prêt à payer plus. »
Vers l’IGP cancoillotte
Annie Lemercier conduit les invités vers son laboratoire de transformation. Une fois qu’ils ont coiffé charlottes et surchaussures, elle explique les grandes lignes de son métier. « C’est plus intéressant de transformer le lait ici. Aujourd’hui, ce qui manque, c’est de la main-d’œuvre formée », glisse-t-elle en profitant de la présence des deux députés. Avant de donner des nouvelles de l’IGP cancoillotte dont le cahier des charges est pratiquement finalisé. « On s’est battus pour qu’il n’y ait pas d’arômes artificiels, ni de sucré », confie-t-elle, fière de ce premier combat gagné.
Malgré un froid piquant, la visite se poursuit sur l’exploitation, certains adhérents de la Confédération paysanne prennent la parole afin d’exposer les problématiques ou les questionnements aux deux députés (lire ci-contre). La discussion s’engage facilement, d’autant plus que Barbara Bessot-Ballot s’est dite consommatrice de produits bio depuis de nombreuses années. Convaincue, elle l’est donc sûrement déjà. Les membres de la Confédération paysanne espèrent qu’elle, et Christophe Lejeune, puissent défendre cette vision de l’agriculture, partagée par la centaine d’adhérents de la Confédération paysanne, dans les travées de l’Assemblée nationale.
Est républicain 20 novembre 2017